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THURSDAY REPORT ONLINE

October 11, 2001 Monteil et Beauvoir : deux féministes de la première heure

 

 




par Julie Roy

Claudine Monteil a livré un témoignage émouvant et empreint d’humour à l’Institut Simone de Beauvoir, le 27 septembre dernier. Son récent livre, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, ces amants de la liberté, devait être le sujet de sa conférence, mais l’auteur a choisi un autre chemin en relatant, dans ses mots à elle, la période plutôt « militante » de de Beauvoir.

Luttes communes

Installées dans le salon de l’Institut, une trentaine de personnes ont assisté à cette rencontre intimiste. Monteil, qui a milité aux côtés de de Beauvoir durant les seize dernières années de sa vie, raconte comment leurs luttes communes ont façonné leur amitié. Elle a d’ailleurs parsemé son discours d’anecdotes puisées dans la riche vie de son amie et complice.

Leur relation a commencé très tôt, en fait dès que la mère de Claudine, alors enceinte d’elle, a lu pour la première fois Le deuxième sexe.

Vingt ans plus tard, c’était une Claudine devenue femme qui sonnait à la porte de Simone de Beauvoir. La conférence traite justement de leurs luttes communes.

« Claudine Monteil m’a appris beaucoup sur l’histoire des débuts du féminisme en France », raconte Edna Azambuja do Prado, étudiante brésilienne passionnée par la philosophie, tout comme de Simone de Beauvoir.

Abordant un sujet tabou

Madame Monteil a ainsi abordé, comme exemple des luttes féministes, la question de l’avortement, sujet tabou à l’époque. Vivant elle-même dans une famille dite d’avant-garde, elle avoue que l’on ne discutait pas de ce sujet à la maison.

Un jour, alors qu’elle était la plus jeune membre du MLF (Mouvement de Libération de la Femme), elle s’est jointe à un groupe de femmes dirigées par Simone de Beauvoir pour assiéger une « école pour adolescentes enceintes », à la suite d’une violente altercation entre un père et sa fille enceinte de huit mois qui avait revu son amoureux en cachette.

Même l’infirmière scolaire, une militante féministe des premiers instants, n’avait pu intervenir entre les deux.

Mais grâce à son aide, le groupe de femmes a pris d’assaut l’école, a coupé toutes les lignes téléphoniques et a exigé de rencontrer sans tarder le Ministre de l’Éducation.

C’est avec ce geste et de nombreuses autres actions collectives que Simone de Beauvoir et le MLF ont porté sur la place publique la question de l’avortement.

« C’est à cette période que Simone de Beauvoir est passée de théoricienne à militante politique », explique Lillian Robinson, la charismatique directrice de l’Institut Simone-de-Beauvoir.

Confèrence annuelle

Chaque année, l’Institut organise une conférence sur Simone de Beauvoir afin de garder vivante celle qui a été l’instigatrice des toutes premières luttes féministes.

« C’est un magnifique symbole de tradition orale », explique la professeure Anna Alexander, spécialiste de l’œuvre de Simone de Beauvoir.

Un lien particulier unit Simone de Beauvoir et l’Université Concordia. En effet, elle est l’une des seules personnes à avoir reçu un doctorat honorifique posthume, quelques mois après son décès survenu en 1986.

Tout au cours de l’année, l’Institut Simone-de-Beauvoir présente des conférences portant sur des sujets variés reliés à la question des femmes. La prochaine conférence aura lieu le jeudi 25 octobre à 16 h. Gay Wilentz parlera de son dernier livre, « Healing narratives : Women writers curing cultural dis-ease » portant sur la question des afro-américaines. Pour plus de renseignements, contactez l’Institut, au 848-2373.