par
Julie Roy
Claudine Monteil a livré un témoignage émouvant et
empreint dhumour à lInstitut Simone de Beauvoir, le
27 septembre dernier. Son récent livre, Simone de Beauvoir et Jean-Paul
Sartre, ces amants de la liberté, devait être le sujet de
sa conférence, mais lauteur a choisi un autre chemin en relatant,
dans ses mots à elle, la période plutôt « militante
» de de Beauvoir.
Luttes communes
Installées dans le salon de lInstitut, une trentaine de personnes
ont assisté à cette rencontre intimiste. Monteil, qui a
milité aux côtés de de Beauvoir durant les seize dernières
années de sa vie, raconte comment leurs luttes communes ont façonné
leur amitié. Elle a dailleurs parsemé son discours
danecdotes puisées dans la riche vie de son amie et complice.
Leur relation a commencé très tôt, en fait dès
que la mère de Claudine, alors enceinte delle, a lu pour
la première fois Le deuxième sexe.
Vingt ans plus tard, cétait une Claudine devenue femme qui
sonnait à la porte de Simone de Beauvoir. La conférence
traite justement de leurs luttes communes.
« Claudine Monteil ma appris beaucoup sur lhistoire
des débuts du féminisme en France », raconte Edna
Azambuja do Prado, étudiante brésilienne passionnée
par la philosophie, tout comme de Simone de Beauvoir.
Abordant un sujet tabou
Madame Monteil a ainsi abordé, comme exemple des luttes féministes,
la question de lavortement, sujet tabou à lépoque.
Vivant elle-même dans une famille dite davant-garde, elle
avoue que lon ne discutait pas de ce sujet à la maison.
Un jour, alors quelle était la plus jeune membre du MLF (Mouvement
de Libération de la Femme), elle sest jointe à un
groupe de femmes dirigées par Simone de Beauvoir pour assiéger
une « école pour adolescentes enceintes », à
la suite dune violente altercation entre un père et sa fille
enceinte de huit mois qui avait revu son amoureux en cachette.
Même linfirmière scolaire, une militante féministe
des premiers instants, navait pu intervenir entre les deux.
Mais grâce à son aide, le groupe de femmes a pris dassaut
lécole, a coupé toutes les lignes téléphoniques
et a exigé de rencontrer sans tarder le Ministre de lÉducation.
Cest avec ce geste et de nombreuses autres actions collectives que
Simone de Beauvoir et le MLF ont porté sur la place publique la
question de lavortement.
« Cest à cette période que Simone de Beauvoir
est passée de théoricienne à militante politique
», explique Lillian Robinson, la charismatique directrice de lInstitut
Simone-de-Beauvoir.
Confèrence annuelle
Chaque année, lInstitut organise une conférence sur
Simone de Beauvoir afin de garder vivante celle qui a été
linstigatrice des toutes premières luttes féministes.
« Cest un magnifique symbole de tradition orale », explique
la professeure Anna Alexander, spécialiste de luvre
de Simone de Beauvoir.
Un lien particulier unit Simone de Beauvoir et lUniversité
Concordia. En effet, elle est lune des seules personnes à
avoir reçu un doctorat honorifique posthume, quelques mois après
son décès survenu en 1986.
Tout au cours de lannée, lInstitut Simone-de-Beauvoir
présente des conférences portant sur des sujets variés
reliés à la question des femmes. La prochaine conférence
aura lieu le jeudi 25 octobre à 16 h. Gay Wilentz parlera de son
dernier livre, « Healing narratives : Women writers curing cultural
dis-ease » portant sur la question des afro-américaines.
Pour plus de renseignements, contactez lInstitut, au 848-2373.
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