Les nouvelles technologies
changent les disciplines artistiques, selon Olivier Asselin, professeur
agrégé dhistoire de lart.
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by Andrew Dobrowolskyj
|
par Audrey Nanot
«Les nouvelles technologies sont en train de changer radicalement
toutes les disciplines artistiques, ou pratiques culturelles et dinformations.
La chimie du cinéma, par exemple, est en train dêtre
absorbée complètement par la technologie numérique.
Cela change la façon dont le film est produit, distribué
et surtout consommé. »
Cest ainsi qu Olivier Asselin introduit le troisième
colloque international du Centre de Recherche sur lintermédialité,
CRI, qui sest tenu à Montréal, du 22 au 24 mars, intitulé:
La nouvelle Sphère intermédiatique III: Pratiques médiatiques
de la manipulation identitaire. Le point de départ du colloque
fut la collaboration de trois chercheurs: Johanne Lamoureux, professeure
titulaire dhistoire de lart à lUniversité
de Montréal, Christine Ross, professeure au département
de Art History and Communication à lUniversité McGill
et bien entendu Olivier Asselin, professeur agrégé dhistoire
de lart à Concordia.
Leur projet de recherche, subventionné par le FCAR, consiste à
une réflexion sur les pratiques médiatiques de la manipulation
identitaire. Le CRI, premier centre de recherche interdisciplinaire au
Canada sur les rapports intermédiatiques et leur implications historiques,
so-ciologiques et culturelles, travaille sur lintersection des médias.
Gaudreault et Bardini, maîtres doeuvres du CRI, ont contacté
professeur Asselin et ses collaborateurs, afin quils organisent
leur troisième colloque qui, cette année, portait sur le
croisement entre les médias et les arts, tels que la littérature,
les nouvelles technologies, lhistoire de lart et le cinéma.
Il sagissait pour les trois chercheurs de rassembler des spécia-listes
du Canada, dEurope et des États-Unis afin dexaminer
en quoi les pratiques médiatiques contemporaines se posent comme
tentative récurrente de mise en échec du processus didentification
du sujet par limage, ou du corps par la technologie.
Deux professeurs de Concordia, Sherry Simon et Thomas Waugh, qui ont participé
au débat, se sont interrogés sur la manipulation identitaire
sexuelle.
Sherry Simon, professeure de traduction, a tenu une conférence
sur le rôle de la voix hybride dans la manipulation identitaire.
Elle a traité en particulier du paradoxe sexuel qui apparaît
dans le haut-contre, ou castra, qui possède une voix de femme dans
un corps dhomme, et le renouvellement dintérêt
que ce type de voix de ténor suscite. Thomas Waugh a présenté
une projection de films commentés, qui explorait le problème
didentification soulevé dans la filmographie homosexuelle,
gay et lesbienne.
Concernant les nouvelles technologies, revenons aux propos du professeur
Asselin sur les rapports entre le spectateur et le film modifiés
par lapparition du magnétoscope. Que celui qui naccélère,
narrête, ou bien même ne ralentit jamais une vidéo
me lance la première pierre.
Ainsi, la lecture du film est redéfinie par linteraction
avec le spectateur. De plus, Asselin ne manque pas de rappeler que bon
nombres dartistes daujourdhui sapproprient pourtant
leffet de changement créé par ces nouvelles technologies.
«Un paradoxe existe entre les techniques numériques didentification
utilisées par des institutions policières, médicales,
bancaires qui identifient une personne grâce à un scanner
de son cerveau ou son code génétique, et tendent à
hyper-identifier lindividu sans pour autant rien connaître
de ses affects. Lartiste utilise ces techniques pour démon-trer
quil existe une partie de lidentité qui leur échappera
toujours.»
Par exemple, Gary Schneider a récemment monté une exposition
où il mettait en scène son auto-portrait génétique.
On pouvait y découvrir entre autres, un goutte de son sang agrandie
sur un pan de mur, une lecture thermodynamique de ses mains et de ses
oreilles
qui démontrait que le côté affectif
de lartiste était absent.
Paradoxalement, la dimension esthétique subsistait puisque, par
exemple, la goutte de sang agrandie devenait un paysage et que les images
thermodynamiques présentaient un ciel étoilé. Bien
que la rencontre des nouvelles technologies et de lart ait alors
eu lieu, la question de la manipulation identitaire reste entière.
Cest ce que Olivier Asselin et ses collaborateurs ont tenté
délucider lors du colloque, sans pourtant y apporter une
réponse.
Cependant, vivons-nous dans une société véritablement
apte à répondre aux questions quelle génère,
ou la beauté de la réflexion ne réside-t-elle pas
simplement dans la difficulté dy apporter des réponses?
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